projet « Prisma House – Udange » : réponse d’Ecolo + à l’enquête publique
Ville d’Arlon
Hôtel de Ville
Rue Paul Reuter, 8
6700 Arlon
Au service d’urbanisme
Aux membres du Collège communal
Au service d’urbanisme de la Région Wallonne
Arlon, le 10 mars 2020
Monsieur le Bourgmestre,
Mesdames et Messieurs les Echevins,
Mesdames, Messieurs,
Concerne : Enquête publique projet « Prisma House – Udange »
D’emblée, Nous tenons à préciser que ne sont pas fondamentalement opposés à un projet de construction à cet endroit. Toutefois, et pour les raisons exposées ci-dessous, nous pensons que la forme actuelle du projet doit être revue pour une meilleure intégration dans l’habitat existant. Ce projet qui est un copié collé du précédent, ne nous semble peu travaillé et ne pas tenir compte des remarques qui avaient été émises par la Région Wallonne lors du refus de celle-ci d’accorder le permis d’urbanisation.
- Nous souhaitons dénoncer la nature actuelle globale du projet, inadaptée au contexte, aux contraintes du lieu et engendrant une rupture urbanistique majeure qui peut être déclinée en 5 aspects :
- Une rupture d’échelle en termes d’ampleur
Le CWEDD estimait, dans son avis sur premier projet, que « le projet d’urbanisation introduit un déséquilibre dans le village en matière de population et de densité alors qu’Udange n’est pas considéré comme un territoire central. Une telle densité mettrait en péril l’identité du village et nuirait à sa qualité paysagère ».
Nous ne voyons pas, dans cette nouvelle proposition, une quelconque volonté du promoteur d’intégrer son « nouveau » projet dans le village. Il ne mentionne aucunement, une réflexion menée sur la densité ou l’architecture « de type lorraine » pour donner suite à l’avis du CWEDD, ni de solutions qui viseraient à améliorer sa qualité paysagère. C’est, pour nous, un copié collé du précédent projet. Nous sommes inquiets des intentions du promoteur qui ne prend même pas la peine d’introduire un projet plus réfléchi. Quant à l’architecture, nous comprenons que des propositions viendront plus tard avec le permis d’urbanisme et seules quelques indications de hauteurs et de volumes sont données.
- Une rupture en termes de modes d’« habiter » entre deux entités (le village et le nouveau quartier) qu’il est nécessaire de bien intégrer
En tant que citoyens de la commune, nous voulons souligner l’important enjeu d’intégration que soulève tout projet de construction à cet endroit. Le terrain dont il est question revêt un caractère rural (avec tous les problèmes d’environnement, mobilité évoqués plus loin). Au lieu d’assurer une transition en douceur en contribuant à intégrer ces deux facettes, le projet annoncé – de typologie hyper citadine – vient fracturer cette frontière, plutôt que de l’adoucir.
Comment assurer la transition et l’intégration non seulement en termes urbanistiques mais également de modes de vie ? Ce qui peut être présenté comme une densification est vécu pour le village comme de l’étalement urbain. N’y-a-t-il pas une réflexion globale à mener pour concilier ces deux visions dans un projet plus raisonnable et intégrateur également au niveau social ?
- Une rupture paysagère radicale et irréversible
Nous souhaitons attirer votre attention sur le caractère radical et irréversible du bouleversement du paysage que ce projet annonce pour une multitude de riverains. Nous avons rencontré des personnes qui habitent ce village depuis plus de 50 ans et dont les enfants comptent s’y établir parce qu’ils sont attachés à leur cadre de vie.
- Une rupture en termes de qualité de vie pour tous les habitants impactés par le chantier d’abord et le projet fini ensuite
Au-delà du cadre paysager, les riverains craignent une rupture importante en termes de qualité de vie liée à la proximité annoncée d’un habitat si dense et d’un projet si imposant (on parle de 740 camions). Concernant un avenir proche, les riverains craignent les nuisances sonores tout au long des 3 années prévues de la construction, ainsi qu’après l’emménagement des habitants (entre 291 et 480 habitants prévus). Il est aussi à craindre que les installations techniques nécessaires à un projet d’une telle produisent des nuisances sonores supplémentaires (740 camions prévus).
Un plan de mobilité n’est pas prévu et le promoteur se contente de citer des chiffres qui étaient déjà repris dans la première étude (153 voitures le matin et 140 le soir). Les transports en commun restent un point noir vu le peu de desserte du village. Aucune étude n’a été ajoutée par rapport au projet précédent.
- Une rupture du dialogue et une absence de confiance entre les futurs protagonistes du projet
Etant donné le caractère radical et irréversible des bouleversements qu’il annonce, nous nous trouvons aujourd’hui contraints de faire confiance au promoteur et à sa capacité à limiter les impacts potentiels de son ouvrage sur le voisinage. Or, nous déplorons d’ores et déjà le manque de communication de la part de la société en particulier dans la phase d’avant-projet. Les riverains auraient grandement apprécié être consultés au préalable afin de trouver un compromis qui satisfasse tout le monde.
- Par ailleurs, nous souhaitons également relever les impacts potentiels de ce projet en termes d’accentuation de problèmes existants:
- Traitement des eaux usées et pluie d’orage
Le terrain est toujours situé en zone inondable, et même si l’écoulement des eaux et l’égouttage semblent avoir été, cette fois-ci pris en compte par le promoteur, le volume d’eau sera doublé une fois le projet terminé (Aujourd’hui volume de ruissellement en prairie de 605 m3 pour une estimation de 1120 m3 avec la réalisation du projet).
La station d’épuration est toujours à l’état de projet, les eaux usées seront rejetées dans les cours d’eau et ce également pendant la première phase des travaux.
- Pas de plan de mobilité
En conclusion de son avis le CWEDD estime que le projet ne répond pas à certains objectifs régionaux quant à l’aménagement du territoire notamment en raison de « l’offre en transports en commun peu attractive » d ‘Udange. C’est toujours le cas avec ce projet-ci et ils n’ont pas plus d’arguments ou ils sont très pauvres. Le promoteur parle de future mobilité douce mais sans la détailler. Cet argument nous semble facilement employé.
- Aucune étude d’incidence sur l’environnement pour un projet d’une telle ampleur situé à côté d’une zone agricole
Le CWEDD déplorait également « l’absence d’évaluation de l’impact du projet sur l’agriculture puisqu’une partie de la zone se trouve en zone agricole ». Nous ne trouvons pas plus d’étude d’impact dans ce nouveau projet.
- De manière plus générale, nous tenons à faire le lien entre ce projet et ses spécificités et la question plus globale du développement urbanistique de notre commune :
Nous entendons et comprenons que la commune d’Arlon travaille à un nouveau Schéma de développement communal que nous espérons pour la fin de cette année 2020. Nous clôturons cette réclamation par quelques questions.
Quelle nécessité d’un tel projet pour une village comme Udange en termes de densité de population ?
Quid de la désertification du centre-ville, de la confusion entretenue volontairement entre densification de l’habitat et étalement urbain ?
De nombreux biens immobiliers sur la commune d’Arlon ne trouvent simplement aujourd’hui pas acquéreur. Ce phénomène est marqué pour les appartements, dans une moindre mesure pour les maisons. Nous nous interrogeons sur la probabilité qu’un projet supplémentaire d’une telle ampleur puisse trouver acquéreurs. N’y-a-t-il pas une confusion volontairement entretenue par les promoteurs entre densification et étalement ? Ces qualifications ne doivent-elles pas être attribuées de manière relative ? C’est-à-dire en relation à une situation, une réalité concrète ?
Quid de la crédibilité de nos instances communales et régionales qui approuveraient un projet qui est un copié collé du précédent et qui ne satisfait qu’à une seule (traitement des eaux usées) des trois remarques avancées par la Région wallonne et qui ont conduit à un refus pur et simple ?
Dans l’attente d’une réponse de votre part, nous vous prions d’accepter, Mesdames et Messieurs, notre meilleure considération.
Vanessa Wagner