Aménagement par Idelux d'un pôle économique sur le site de l'Uliège (ex FUL) : réponse d'Ecolo + à l’enquête publique

Publié le 26 février 2020
Rédigé par 
arlon

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arlon, le  24/02/20

Administration Communale

Service Urbanisme

8 rue Paul Reuter

6700 Arlon

 

Reference : PU 14/2019

Concerne : demande de permis unique d’Idelux pour la construction d’un pôle économique sur le campus de l’ULiège à l’av. de Longwy 185 6700 Arlon

Objet : Observations écrites

 

Chère Madame, cher Monsieur,

Nous avons attentivement analysé la documentation que nous avons reçue de l’Administration Communale dans le cadre de l’enquête publique PU 14/2019 et nous souhaitons mettre en avant les points d’attention et questions qui suivent quant à ce projet.

 

Portée du projet

Le projet de l’intercommunale prévoit la destruction du petit bois, du mur et des arbres en bordure de route pour développer un Hall relais, un Centre d’Entreprises et un centre de formation avec un grand espace de circulation pour semi-remorques ainsi que de la création de 40 places de parking. Bien que la demande de permis ne présente pas de phasage, il est bien indiqué qu’en plus du « Pôle économique » qui fait l’objet de la demande, il est projeté de créer un micro-parc (sic) sur le solde du terrain concerné.

 

Impacts environnementaux et artificialisation des sols

La demande de permis indique qu’il n’y a pas d’incidence sur l’environnement, ni sur la biodiversité et qu’elle ne fera pas l’objet d’une étude d’incidence environnementale. Or, le projet prévoit l’abattage préalable du bois (une cinquantaine d’arbre) ainsi que du sous-bois sur environ 50a, l’artificialisation de 60% environ de la surface, la fermeture du parc, espace considéré comme accessible au public, ainsi que la démolition d’un mur qui présente un certain intérêt patrimonial et paysager. La demande contient par ailleurs une incohérence, en ce qu’elle indique qu’il n’y aura « pas d’abattage et pas de démolition » alors que les dessins prévoient manifestement la démolition d’un vieux mûr de caractère qui clôt cette zone du « parc public ».

En outre, le projet prévoit la construction d’une route de circulation d’environ 600m2 pour autos et semi-remorques ainsi qu’un parking de 40 places, soit un total de 1400 m2 étanchéifiés.

Nous estimons que cette parcelle est un véritable poumon vert qu’il faut à tout prix sauvegarder, d’autant que ces espaces verts sont rares dans la ville d’Arlon, comme expliqué plus bas.

 

Une défiguration du patrimoine et du paysage, face à un manque chronique d’espace vert intra-muros

Apres cette artificialisation massive d’un parc pourtant si plaisant et apprécié des riverains, le projet prévoit de créer un micro-parc (sic) sur le solde de terrain de 18a, soit une défiguration substantielle du patrimoine existant et du paysage. Une étude d’orientation de la SPW de novembre 2019 précise pourtant qu’il s’agit d’une zone pour lequel il y a un usage de fait en « Parc Public ». Nous ne pouvons accepter encore une fois qu’un espace public d’une telle qualité, déjà si rare dans la ville d’Arlon, soit encore privatisé et confisqué des riverains pourtant étouffés par une urbanisation rampante et un manque cruel d’espace vert intra-muros. Nous soulignons que le projet de « micro parc » (a priori plus décoratif que fonctionnel) est en contradiction totale avec un des objectifs de l’intercommunale Idelux de concilier « développement du territoire et le bien-être de la population », bien-être qui n’est manifestement pas pris en compte avec ce concept de micro-parc en peau de chagrin.

Nous nous inquiétons aussi du développement de cette zone en ce qu’elle vient largement impacter l’espace et lui fait perdre son intérêt paysager, ouvrant indirectement la porte à l’urbanisation de la parcelle voisine, contenant bois et prairies particulièrement appréciées par les riverains qui y passent régulièrement et qui constitue aussi une zone tampon tant au niveau des nuisances qu’au niveau biodiversité. Dans ce contexte, il nous semble important d’au contraire considérer ce précieux espace vert comme une zone d’espace public et naturel à protéger.

De plus, nous ne pouvons que regarder les communes voisines avec envie, tant la plupart d’entre elles offrent des espaces publics verts de qualité et d’envergure. Bien que nous saluons l’ouverture récente (mais temporaire) du parc du gouverneur (et ses timides 50a), nous regrettons que la ville d’Arlon ne se dote pas d’un véritable parc public d’envergure où il est loisible aux riverains, sans devoir prendre leur voiture, de profiter d’un large espace vert afin de s’aérer dans un contexte urbain de plus en plus dense. A titre d’exemples, les localités voisines d’Habay (parc du Chatelet d’environ 3ha attenant aux 5ha d’étangs et à la forêt d’Anlier), Martelange (avec son parc naturel d’environ 8ha, aussi attenant à la forêt d’Anlier), Messancy (domaine du lac d’environ 8ha), Tintigny (parc du château de Rossignol avec son domaine boisé d’environ 12ha) et même de l’autre côté de la frontière française avec la localité de Mont-Saint-Martin (Parc Brigidi en plein aménagement sur environ 8ha), toutes des communes pourtant moins peuplées et moins bien dotées financièrement, peuvent toutes se targuer d’avoir pu préserver ou aménager un parc public récréatif vert en intra-muros de plus de 8ha, ce qu’Arlon, chef-lieu, est bien incapable de mettre en avant pour le bien-être de ses habitants. Or, le lieu sur lequel est planifié ce projet est un des seuls rares endroits où un vrai parc public pourrait se déployer, et doit donc être sauvegardé à tout prix comme réserve foncière potentielle, d’autant que des alternatives existent, comme décrit plus bas.

Ce projet est en outre en contradiction avec la future transformation de la Route de Longwy qui doit devenir une belle allée plus paisible et arborée. Au contraire, on abat sans vergogne la seule section qui est déjà arborée et présente un certain caractère avec les Clarisses en face. Cette section d’arbres et l’atmosphère qui s’en dégage compensent et allège pourtant la lourdeur et les nuisances du carrefour de la Spetz. Toujours plus de béton.

 

Absence d’orientation mobilité douce et énergies renouvelables

L’impact du projet sur la mobilité et les possibles mesures d’atténuation ne sont pas étudiés, sans doute parce qu’il est plus simple de prévoir 40 nouvelles places de parking pour 40 personnes qui un jour seront peut-être employées. Nous nous questionnons par ailleurs sur la pertinence de ce choix, alors qu’il y a suffisamment de places de parking à proximité (dont le taux d’occupation est fort peu élevé), que le projet ne prévoit pas de parking vélo (afin de profiter de la piste cyclable sur la rue de Longwy), et vu plusieurs passages de bus et une gare pas trop éloignées. Nous observons que le projet actuel a un impact environnemental certain à cet égard et qu’aucune mesure n’est prise pour le circonscrire.

En outre, le projet implique aussi la production de déchets et la consommation d’énergie. A cet égard, nous nous étonnons que le dossier d’étude démontre la faisabilité d’une production d’énergie renouvelable via panneaux photovoltaïques, ainsi que sa rentabilité, mais mentionne que cette option n’est « pas retenue » (!). D’autres techniques comme la chaudière bois ne sont pas retenues seulement en raison de leur rentabilité financière moindre, ce qui à notre époque est discutable pour un bâtiment public.

Nous considérons que l’installation de panneaux photovoltaïques est un prérequis, et que ce genre de bâtiment « public » devrait être exemplaire en matière énergétique et tendre vers le passif, ce qui n’est pas démontré.

 

Alternatives

La nécessité de placer le projet à côté du site de l’ULiège n’est que mentionnée génériquement, sans que la synergie invoquée ne soit véritablement démontrée. Selon nous, des alternatives d’implantation peuvent être considérées pour minimiser l’impact du projet et éventuellement mettre à contribution la réserve foncière d’Idelux ou en profiter pour rénover certaines structures abandonnées ou dégradées (sur ou en dehors du site même de l’ULiège). Nous pensons par exemple à une intégration tout à fait possible dans le « campus Ferrero » en face de l’Arlux (bâtiment de 1100m2 sur 1.7Ha). Nous notons aussi qu’une grande partie des bâtiments existants est vide et demande une restauration. A cet égard, nous observons qu’une demande de Fonds Feder avait initialement été demandée aussi pour la rénovation des bâtiments existant de l’université. Nous regrettons que ceux-ci n’aient été accordés que pour le nouveau bâtiment du projet en cause, pas pour la rénovation de l’ancien. Au sein de l’ULiège, on nous a relayé une incompréhension la plus totale, que nous partageons entièrement.

La mise à contribution du fonds FEDER semble une nouvelle fois être la principale justification de l’initiative, sans qu’aucun effort ne soit requis afin de démontrer la viabilité ni de se soucier du « détail » des impacts environnementaux ou encore des alternatives adéquates pour limiter ces impacts tant sur l’environnement que sur le bien-être des riverains. Pour une intercommunale qui se targue de « d’agir pour le développement du territoire et le bien-être de la population », c’est piquant.

 

Entrave à une publicité effective

L’article D.VIII.7. § 1er du CoDT exige la publicité de l’avis d’enquête publique via son affichage « visible depuis le domaine public, à raison d’un avis par cinquante mètres de terrain situé le long d’une voie publique carrossable ou de passage, avec un maximum de quatre avis ». Nous observons que trois de ces avis sont affichés directement au bord de la route et orientés vers la chaussée, si bien qu’il faut se placer sur la chaussée (et se mettre en danger au milieu de la circulation) afin de pouvoir lire l’avis ; nous questionnons à cet égard le respect d’une publicité effective, en ce que les avis ne sont pas effectivement visible ou consultables depuis le domaine public sans perturber la circulation ou se mettre soi-même en danger. Nous ajoutons aussi qu’à ce jour, rien n’est mis en place au service urbanisme de la Ville afin d’offrir des conditions confortables (et donc réalistes) de consultation des dossiers. En dehors des horaires restreints de consultations (bien que conformes aux prescrits légaux minimaux), nous regrettons le peu de place alloué à la consultation de dossier sur place (une seule chaise et une minuscule table, rendant inconfortable une consultation dès qu’il y a plus d’une personne en consultation, ce qui est courant) ainsi que le manque de proactivité de la ville en termes de publication à distance, notamment afin de publier le dossier complet sur son site internet dans un soucis évident de transparence et d’accessibilité pour la population active (et donc pas disponibles pendant les heures d’ouverture).

 

Conclusion

Cette légèreté que nous constatons dans l’évaluation des impacts sur la mobilité, l’environnement, la conservation de la biodiversité et la société en général est malheureusement bien typique dans les nombreux projets privés, quand les promoteurs essayent de minimiser leurs coûts externes sur le compte de la communauté. Néanmoins, dans le cas d’un acteur public, nous sommes en droit d’attendre un travail beaucoup plus fouillé et objectif, et si possible exemplaire.

Dans ce sens, la lecture de la Déclaration de Politique régionale du Gouvernement wallon est intéressante à plus d’un titre pour un bâtiment public, notamment en ce qui concerne l’artificialisation de nouvelles terres qui doit être évitée autant que possible, la restauration de la biodiversité, la volonté de passer aux standards de construction les plus exigeants – « neutralité carbone du bâti » -, la réalisation d’installations photovoltaïques de grande dimension sur les bâtiments publics, la diminution de la part modale des voitures de 30% à l’horizon 2030 et l’accent mis sur « la participation et bien-être des citoyen·nes pour faire face à la crise démocratique ».

 

D’avance nous vous remercions de votre attention et initiatives en amont de la réalisation du Projet et vous invitons à transmettre ce courrier au promoteur pour prise en compte comme il se doit.

NOM :

Prénom :

Adresse :

Vous partagez notre analyse ? Nous vous invitons à répondre à l’enquête publique selon les modalités suivantes : 

Le dossier peut être consulté et des explications sur le projet peuvent être obtenues durant la période d’enquête à l’Hôtel de Ville – Service de l’Urbanisme, Rue Paul Reuter, 8, à Arlon, étage A3 le mardi de 13h30à 17h00, le mercredi de 9h00 à 12h00 et de 13h30 à 20h00 (sur rdv  de 17h00 à 20h00 en téléphonant au 063.24.56.07), le jeudi et vendredi de 13h30 à 16h00.

Les réclamations et observations écrites sont à adresser au Collège communal avant le 27 février 10h (cachet de la Poste faisant foi) en mentionnant le numéro du dossier ainsi que votre nom, prénom et adresse postale complète par courriel à l’adresse suivante : administration@arlon.be ou par courrier ordinaire à : Ville d’Arlon – Service de l’Urbanisme, Rue Paul Reuter, 8, à 6700 Arlon.

A peine de nullité, les envois par courrier sont datés et signés ; ceux par courriel sont clairement identifiés et datés.